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Dans la bulle du Psy #3



Aujourd’hui je vous propose un petit survol du milieu non moins complexe de l’expertise psychologique. Pour une fois que l’on retrouve des grilles de TAT dans un comics, vous vous doutez bien que je ne pouvais pas passer à côté. Mais moi le TAT, je l’aime pas trop en fait. On n’est pas trop copain en termes de cadres de référence … Alors je vais vous proposer une autre vision. Une vision de la psychologue intégrative que je suis. Vous savez, ces psys un peu mal vus car ils refusent de prêter allégeance à une paroisse et décide de TOUT apprendre (l’œuvre d’une vie) pour proposer des prises en charges sur mesure et respectueuses de chacun. Allez hop on y va, le temps de quelques pages, vous voilà partis à la rencontre de la psychologie développementale, cognitive, clinique et systématique. Zou !


Dites-moi, comment définissez-vous le bien et le mal ? Et plus important encore, comment les différenciez-vous ? Qu’est-ce qui fait que vous savez au fond de vous que quelque chose est bien ou mal ? Comment (et qui) vous l’a appris ?

Les 6 stades du développement de la morale du psychologue américain Lawrence Kohlberg font partie des enseignements incontournables à la fac de psycho. Une partie de cette théorie a depuis été réfutée, mais il en va ainsi en psychologie comme dans toute science : les connaissances évoluent. Selon cette théorie, notre conception de la moralité se développerait progressivement d’un niveau préconventionnel durant les premières années jusqu’à un niveau dit postconventionnel n’étant pas forcément acquis par l’entièreté de la population en fonction de l’intrication entre notre éducation et les grands principes moraux universels. Très abstrait me direz-vous ? D’accord, allons-y plus doucement … Dans les premières années de votre vie, le bien, c’est ce qui fait du bien et le mal, ce qui fait du mal. Puis, nos éducateurs (parents, école….) se mettent à réprimer certains de nos comportements en les punissant ou à encourager d’autres en nous donnant une récompense. A ce stade, le bien, c’est ce qui permet d’acquérir une récompense et le mal ce qui nous vaut une punition. Simpliste et surtout soumission à l’autorité assez puissante non ? Puis nous apprenons un certain nombre de valeurs fondamentales de plus en plus complexes : liberté, égalité ( à ne pas confondre avec équité), famille, …. En fonction de la manière dont nous intégrons ces valeurs, notre sens moral continue à se développer … ou non. Prenons juste deux mots et imaginons le débat moral qui peut en émaner en réunion de « famille » : Avortement. Euthanasie.

Et oui … nous n’avons pas tous le même code moral. Dépassons deux secondes la notion de qui a tort et qui a raison. Pensons plutôt à quels « codes » dictent notre raisonnement. Prenons un exemple peut être moins sources de tensions : une femme entre dans un magasin et vole un pot de lait maternel pour nourrir son enfant. Est-ce que vous la dénoncez ? Où ira votre sens du devoir ? Quelle règle prévaut sur les autres ?

De notre naissance jusqu’à la fin de notre adolescence, nous développons ce que l’on appelle notre socialisation primaire. Au contact de chaque personne importante dans notre histoire de vie, nous développons un sens du contact, une façon de vivre avec les autres et intégrons un certain nombre de façons de faire/penser subjectives comme étant LA norme, LA vérité. C’est ce qui fait que nous n’avons pas tous la même tolérance à la violence, ou le même sens de l’amour ou du partage par exemple. C’est pourquoi un grand, très grand Monsieur, appelé Boris Cyrulnik, travaille actuellement, entourés de nombreux experts, sur la théorie des 1000 premiers jours de l’enfant autour d’une question centrale : comment offrir à chaque enfant un cadre suffisamment bon et sécurisant pour qu’il puisse se développer dans les meilleures conditions possibles.

Penchons-nous maintenant à la lueur de ce survol théorique sur l’enfance d’Ed Gein :

un père alcoolique et violent, qui haït ses enfants profondément. Une mère religieuse fanatique et omnibulée par la position sexualisée de la femme, qui élève ses garçons dans une idée toute relative du pêché de chair. Une mère dominatrice, castratrice qui devient une véritable idole pour son jeune garçon qui boit ses paroles comme étant LA vérité, LA normalité.

Aïe … mauvais point de départ n’est-ce pas ? Par contre, entendez-moi bien : je ne suis pas en train de dire que quand quelqu’un tourne mal, c’est la faute de la mère. Malheureusement beaucoup de professionnels raisonnent encore ainsi à l’heure actuelle, et je ne vous raconte pas le nombre de fois où j’ai été tenté de leur mettre une bonne paire de baffes quand je récupère à mon cabinet des mères ayant perdues toutes confiances en elles à causes de la parole assassine d’un soit disant bien-pensant.

Ce que je dis, c’est que quand un enfant est confronté très tôt à la violence et aux traumatismes, de grandes failles se créent en lui et que s’il n’a pas la chance de rencontrer sur sa route un adulte bienveillant, une figure d’autorité bienveillante qui viennent contrebalancer sa réalité, alors son rapport à la morale, au bien et au mal peut basculer … de bien des façons. Qu’en est-il alors quand un jeune garçon comme Ed Gein, après avoir vu et entendu tant de choses violentes, voit son éducation et ses interactions ne tourner qu’autour d’une seule et unique personne ? Et bien il finit par en épouser les valeurs. Ici donc, celles de sa mère.


En psychologie, on parle aussi souvent du paradigme victime-agresseur. Je ne vais pas vous plomber avec des théories qui nécessitent des heures et des heures de lectures abstraites d’auteurs se contredisant presque toujours (sinon ce n’est pas drôle). Mais ce que l’on peut observer en psychologie clinique libérale bien souvent, c’est que, lorsqu’on entre dans l’histoire de vie de personnes auteurs.trices de violences, bien souvent, on retrouve foule de traumas durant l’enfance. Bien souvent, les violences perpétuées par une personne sont une façon de reprendre « pouvoir » sur son vécu, une façon de ne plus se percevoir comme victime, de se réapproprier son histoire. D’une très mauvaise manière on est d’accord, qui n’excuse rien, on est toujours ok, mais c’est bien souvent le cas tout de même.

Alors ? Quid de la responsabilité d’Ed Gein ? Auriez-vous prononcé la peine de mort ou l’internement ? Auriez-vous reconnu Ed Gein comme pleinement responsable de ses actes, ou auriez-vous pris en compte sa réalité psychique / sa santé mentale et psychiatrique, mais au prix de l’effondrement et du sentiment d’injustice et d’impunité des proches des victimes ? Faites appel à votre développement moral et posez-vous cette question.

Maéva


 

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