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  • Photo du rédacteurJim

Le Labyrinthe Inachevé

Dernière mise à jour : 18 mars




  • Résumé :

Will est chef de chantier. Tout au long de sa journée, Will est hanté par sa fille, morte dix ans auparavant et à son incapacité à s’en rappeler, comme de se remémorer les événements importants de sa vie. Il en néglige toute socialisation, dans sa vie privée comme au travail. Jusqu’à ce qu’un mystérieux appel téléphonique au cœur de la nuit chamboule sa vie. L’appel lui indique que sa fille est toujours vivante, coincée dans le labyrinthe d’un livre de jeux qu’elle n’avait pas terminé avant de disparaître. Convaincu que son enfant le contacte d’au-delà de ce monde, il utilise un labyrinthe inachevé d’un de ses journaux et une carte de la ville pour ramener sa fille à la maison…


  • Critique :

En France, Jeff Lemire est majoritairement publié chez deux éditeurs pour ses comics indés, d’une part chez Urban Comics pour ses projets ambitieux, qui sont souvent amenés à connaître un relatif succès et d’autre part chez Futuropolis pour les projets beaucoup plus intimistes destinés à toucher le lecteur. Partant de ce postulat, vous aurez compris que ce comics n’est pas un gros blockbuster bourré d’action (je ne dis pas ça de manière péjorative, ça peut parfois faire du bien). J’avoue être tombé dessus un peu par hasard chez mon libraire, mon attention ayant été attirée par la qualité de fabrication que nous offre Futuropolis sur ce titre. Le soir même, j’ai ouvert le comics et je ne l’ai pas reposé avant qu’il soit fini avec (je dois bien l’avouer) quelques larmes au coin de l'œil, alors je vais tenter de vous expliquer à quel point cette œuvre prend aux tripes parce qu’elle est selon moi bien trop passée sous les radars.


« Je ne veux pas être autre chose. je veux juste être ton père »

Will - Le labyrinthe inachevé - p. 229


Nous pouvons aisément imaginer à quel point la perte d’un enfant est insoutenable, mais ici, la narration est suffisamment bien exécutée pour nous faire réaliser à quel point le choc a été traumatique pour William, en effet, dix ans après le décès de Wendy (sa fille) il n’est toujours pas passé par les sept étapes du deuil (que vous connaissez peut-être : choc, déni, colère, tristesse, résignation, acceptation et reconstruction), restant bloqué à l’étape de la tristesse. Au-delà de nous faire simplement imaginer, l’auteur s’évertue à nous faire comprendre le deuil parental. Mais ce n’est pas tout, nous sommes également spectateurs des conséquences qu’a eu ce triste événement dans la vie de notre protagoniste, conséquences auxquelles nous faisons face avec les quelques flashbacks, les interactions qu’il peut y avoir entre les membres de cette famille qui a littéralement volé en éclats et leur façon de “vivre” avec ce drame. Difficile de ne pas voir les similitudes entre ce comics et “Les contemplations - Livre IV” de Victor Hugo, œuvre dans laquelle il traite de la mort de sa fille Léopoldine.


« Oh! que de fois j'ai dit : Silence! elle a parlé! »

Victor Hugo - Les contemplations - Livre IV


Il arrive parfois que d’une profonde tristesse naisse une certaine folie. Dans ce récit, Will est victime d’événements qui peuvent en effet faire penser à une perte totale de raison, chose qui commence dès la fin du premier chapitre, quand il reçoit un coup de fil… de sa fille. Cela marquera le point de départ pour le personnage principal et le lecteur d’une quête onirique qui constituera (littéralement) le fil rouge de ce comics et ajoutera une pointe de fantastique à l’œuvre. Que ce soit par le scénario ou par la narration, Jeff Lemire tient le lecteur en haleine tout au long de la lecture en jouant constamment avec la frontière entre la réalité et l’imaginaire, tout en nous offrant les clés de compréhension nécessaires. Notez que les clés assimilées offrent différentes perspectives de compréhension, ce qui permet de relire l'œuvre sans problèmes.


La conclusion de cette histoire pourrait paraître relativement basique et prévisible mais il faut bien comprendre qu’elle est la seule et unique raison de toute cette histoire. En fait, c’est là que la symbolique du labyrinthe prend tout son sens ! Le personnage était bloqué dans un dédale d’impasses émotionnelles dont il n’arrivait pas à s’extraire. Le fait est que tous les événements traversés étaient véritablement nécessaires à la reconstruction de Will, lui permettant d’accepter enfin la perspective de tourner la page et donc de trouver la sortie du labyrinthe.


Côté graphique, il est fort probable que certains lecteurs soient quelque peu rebutés par le trait de Jeff Lemire et je peux tout à fait le comprendre, mais je pense sincèrement que celui-ci est indispensable à la transmission des émotions. En effet, le dessin peut paraître un peu léger et désordonné mais l’auteur a en fait réussi à ne garder que le nécessaire afin de transmettre au mieux les interactions, postures et émotions des personnages ce qui favorise le développement empathique. Au niveau de la mise en page on peut dire que l’auteur (et artiste !) exploite habilement les concepts de labyrinthe et de fil d’Ariane tout en sachant, quand c’est nécessaire, se poser et revenir au classique gaufrier.


  • Conclusion :

Avec “Le labyrinthe inachevé”, Jeff Lemire signe un chef d’œuvre particulièrement beau et émouvant, c’est un énorme coup de cœur qui a résonné au plus profond de moi et que je vous souhaite de lire un jour. L’appréciation de ce récit est sûrement étroitement liée au vécu du lecteur, mais je peux vous dire que si vous avez aimé le récent “The Blue Flame” publié chez 404 Comics ou encore “Adrastée” publié au Label 619 chez Ankama, je peux vous assurer que vous y trouverez votre compte.


Jim.

 

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