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  • Photo du rédacteurFabien

Locke & Key : L'Âge d'Or

Dernière mise à jour : 15 mars




  • Résumé :

Joe Hill et Gabriel Rodriguez remontent le temps et vous invitent à partager le quotidien extraordinaire de Keyhouse à la Belle Époque, où la famille Locke veille sur un impossible trousseau de clés capables des prodiges les plus fous et des cauchemars les plus obscurs.


Des merveilles du manoir de Lovecraft aux horreurs des combats de la Grande Guerre, en cinq récits, les clés et leurs gardiens dévoilent toute l’étendue de leurs pouvoirs…jusqu’à ouvrir les portes du royaume des Songes et défier Lucifer en Enfer.


  • Critique :

Locke & Key, c’est d'abord un comics en 37 numéros (6 tomes ou un omnibus en VF). Mais si cette série est complète et se suffit à elle-même, l'équipe créative n'avait pour autant pas terminé d'explorer son manoir et sa riche histoire, pour notre plus grand bonheur. Ainsi, comme s’il s’agissait d’une vraie demeure familiale ils y reviennent régulièrement pour nous y conter de nouvelles aventures, nous dévoiler de nouveaux secrets.


Et l'héritage de la série se trouve en remontant l'arbre généalogique des Locke et l'histoire des clés. En effet, Keyhouse est une demeure ancienne qui a vu passer plusieurs générations de la famille et connu une période où les clés étaient utilisées plus librement que de nos jours, avant la création de la règle de Riffel : un Âge d'Or qui donne son titre à cet album.


On plonge alors au début du XXe siècle dans un décor à la fois familier et différent de ce que l’on connait, aux côtés de la famille de Chamberlin Morse Walton Locke. Je dirais même en plein Cœur de sa famille puisque l’on va apprendre un peu à les connaître de l’une des manières les plus efficaces : par des temps forts qui marquent leur vie.


Mais cet âge d’or n’est pas tellement un âge doux pour la famille de Chamberlin, et comme sa superbe couverture « photo de famille » on peut y voir des ombres dans le fond : le recueil est en effet traversé par l’amour, mais aussi le deuil, les regrets, et développe son fil rouge sur la thématique du pardon ; surtout le pardon d’un père à ses enfants allant de celui pour la bêtise pleine d’innocence et heureusement sans conséquence, à celui que tout personne extérieure se refuserait à jamais à donner. Un père qui pourra appliquer un style d’éducation parfois discutable, dont on sent un côté réac’ prononcé, pas parfait en somme mais qui doit prendre des décisions morales difficiles et le fait en se laissant toujours porter par son Amour sincère et profond pour sa famille.


Enfin, comme la transmission de valeurs familiales n’est pas à sens unique il arrive ce moment où c’est au tour des enfants de jouer du pardon ; d’éliminer tout regret afin de finir un cycle et démarrer pleinement le sien. La preuve que, malgré tout, le travail a été fait quand ces enfants endossent le rôle du parent pour ce dernier, pour lui rendre son amour, lui retirer ses regrets et lui donner la paix, à leur tour ; parce que malgré les erreurs qui auront pu être faites et les choses qui auraient pu être dites, quelque chose de fort aura été construit : un lien familial qui ne saurait être détruit même par la mort.

Des thématiques autour des problèmes de famille, explorées subtilement au long des cinq récits qui constituent le présent tome et qui nous proposent chacun un regard différent sur les membres de la famille. Des récits de grande qualité qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais s’apprécient d’autant plus lorsqu’ils sont mis ensemble grâce à la cohérence thématique qui les lie et la maîtrise de l’univers par son auteur qui n’oublie pas les éléments qu’il a mis en place.


De son côté Gabriel Rodriguez a toujours un style en parfaite harmonie avec cet univers mais il y revient ici avec une technique améliorée.

C’est clairement plus détaillé, plus précis, avec plus d’ambition dans la mise en scène du récit. Les visages sont toujours aussi expressifs mais leurs traits semblent moins exagérés, plus naturels.

Comme dans la série originale, ses découpages sont toujours excellents et précis pour donner une impression de mouvement, en particulier quand il répète ses cases en faisant bouger un élément ou en changeant légèrement un cadrage pour par exemple nous faire descendre un long couloir sombre (et cette maîtrise est aussi particulièrement utile pour faire fonctionner une clé comme le passe-partout sur un support en deux dimensions). Mais même au sein d'une simple case les détails, postures et attitudes des personnages à l'intérieur les font vivre.

Il s’approprie à merveille le style visuel de cette époque et arrive à créer des designs iconiques souvent mis à profits dans des compositions somptueuses, marquantes, avec de belles idées visuelles et d’utilisation des perspectives pour donner une ampleur folle à l’utilisation de certaines clés. C’est le cas notamment dans les deux chapitres de fin, le tout dernier lui donnant la possibilité de laisser libre court à son imagination pour proposer des visuels semblant tirés de ses rêves ou plutôt parfois de ses cauchemars s'éclatant avec des designs de créatures fabuleuses et/ou monstrueuses (un autre point de maîtrise de l'artiste) et en introduisant des personnages et références à l'univers DC/Vertigo.


Le travail de Jay Fotos sur les couleurs voit aussi une progression pour le mieux, une palette qui s’enrichit pour plus de profondeur et de nuances : une amélioration qui saute aux yeux quand on rouvre les chapitres originaux qui, s’ils restent très agréables, paraissent désormais plus plats en comparaison.


En complément de mon avis global sur ce tome, je vous partage aussi mon avis plus précis pour chacun des 5 chapitres qui composent le tome.


Modèle réduit


Chamberlin Locke a une jolie famille qui nous est présentée dans cette ouverture de recueil (et une sublime double page en plongée). Un cadeau doublé d’un interdit sont la recette idéale pour une petite bêt(e)ise qui va se transformer en gros embêtements.


Une sympathique histoire courte qui a pris le contrepied de mes attentes et c’est tant mieux.


Décrocher la Lune


Un récit qui avait déjà eu le droit à une parution VF dans un précédent recueil et qui était déjà fort. Il trouve ici toute sa place et en devient plus poignant encore dans ce contexte où l’on apprend à mieux connaître la famille de Chamberlin.


Le style visuel s’autorise l’expérimentation d’un rendu vintage cohérent avec ce qui est raconté de cet enfant passionné et en quête d’émerveillement. Il rappelle ainsi le vieux cinéma et les débuts de la colorisation, convoque en particulier celui de Méliès qui a beaucoup cherché à rendre l’expérience fantastique et magique par ses trucages inventifs. Et quoi de plus représentatif du cinéaste que la Lune ? D’ailleurs, l’image du satellite à l’œil crevé par un obus – certainement sa plus connue – semble même trouver un écho sur une page de Ian observant le monde et sa mise en abyme assez claire.


Une histoire de lâcher prise avec un choix parental (mais pas uniquement) impossible, avec en prime un bel hommage à un autre medium.


La musique adoucit les mœurs


L’histoire la plus courte, comme un gag en 3 pages qui pourrait provenir de nos BD humoristiques franco-belges. Mais courte ne veut pas dire insignifiante pour autant. Ainsi on peut observer toute la bonne volonté de Chamberlin de passer un moment agréable en famille et les petites galères qui vont de pair. Puis au détour d’une simple case est soulevé, l'air de rien un questionnement éthique participant à la caractérisation de ce père qui veut tout faire pour ses enfants quitte à les surprotéger pour préserver leur innocence.


… En pâles bataillons …


Désormais plus grands, les enfants veulent commencer à prendre leurs propres décisions, croyant tout savoir sur le monde, frustrés des interdits. Assez grands pour avoir une conscience d’eux-mêmes, leurs propres idéaux en outre, pas nécessairement mauvais – mais pas assez vieux pour penser aux conséquences de ses actions sur les autres. Un moment des plus dangereux pour la famille quand la progéniture ne veut rien entendre, allant même jusqu’à user de stratagèmes et de duperies fourbes pour arriver à ses fins. Preuve qu’on ne peut pas les protéger éternellement de tout, mais comment réagir alors lorsque les mises en garde provoquent le pire et donnent des torts à l’enfant ? Ce dernier est-il le seul responsable, et une leçon à la « je te l’avais bien dit » est-elle la plus judicieuse ?


Une histoire bien construite qui alterne les points de vue et prend le temps d’un message sur la Guerre, sur le bon et le mauvais qui se cache dans chacun des camps, avec en plus des visuels marquants.


Locke & Key / Sandman : Train d’Enfer


Si le reste du tome utilise ses clés comme des aiguilles pour filer sa métaphore sur les problèmes au sein du cocon familial, son dernier chapitre use d'autres sources de magie pour nous plonger dans le plus pur des mondes allégoriques : celui du Rêve.


Prenant place quelques années après la précédente histoire, elle exploite les conséquences de cette dernière et réutilise des éléments subtilement placés dans le reste du tome, comme la simple évocation d’une écharpe qui revient comme un écho représentant alors le souvenir des petits moments simples qui font les belles vies.


Cette fois la place est totalement laissée aux enfants maintenant bien grands, à Mary particulièrement qui vivra une aventure à travers les mondes, s’entichant au passage de compagnons de route (avec une belle référence en prime à un autre voyageur accompagné) ; des rencontres avec des figures de l’univers DC, que l’on connaîtra ou non mais qui sont assez finement intégrés pour ne pas causer de manque sérieux. Mieux : l’un de ces personnages perd son tic de langage par une astuce scénaristique qui le rend à mon sens bien plus appréciable.


C’est cependant la seule histoire où j’ai pu avoir du mal à m’immerger, de manière très ponctuelle au moment de rentrer dans le monde des Rêves. Rien de rédhibitoire : il ne s’agit que de quelques pages qui ne sont pas les plus importantes pour l’intrigue et où il peut même être bon d’être perdu comme l‘est son personnage principal, telle Alice découvrant le Pays des Merveilles. Ces pages restent de toutes manières accompagnées par les visuels somptueux qui empêchent tout décrochage.


L’histoire la plus longue qui nous fait visiter plusieurs mondes, se permettant des folies visuelles et de vraies compositions « tableau ». Une fin qui vient boucler tout un grand chapitre de vie pour cette famille qu’on a appris à aimer en réutilisant savamment ce qui a été introduit avant.


  • Conclusion :

Si la série originale parlait de la reconstruction d'une famille endeuillée par un drame atroce et dont la relation entre ses membres pourrait à tout moment voler en éclat, celle-ci parle de la destruction lente par le deuil et une accumulation d’erreurs douloureuses d'une famille ayant à priori tout pour le bonheur.


Un tome fidèle au ton et aux valeurs de l’histoire qui l’a précédé. Il pourra éventuellement décontenancer les plus fidèles par son changement de contexte mais véhicule des idées fortes et humaines dans une schéma narratif qui l'englobe, porté par ses thèmes de fond. Ajoutés à cela, les nombreux renvois d’une histoire à une autre en font bien plus qu’un recueil de petites histoires : un comics « tranches de vie », empruntant donc ce style de narration au manga où il est un genre à part entière.


De plus, HiComics a, comme a l’accoutumée, fait un travail exemplaire sur l’ouvrage et nous offrant un objet de qualité avec une couverture luxueuse.


Je n’ai maintenant qu’une hâte, c’est voir ce que prépare l’équipe créative pour le prochain chapitre dans ce livre d’Histoire(s) de Keyhouse.


Fabien.


 

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